Une saine colère : savoir dire non !

 Une saine colère : savoir dire non !

Comme beaucoup, j’ai suivi l’histoire de Marie Laguerre, jeune femme victime de harcèlement de rue à Paris en juillet 2018. Elle s’est permis de répondre « ta gueule ! », à un jeune homme irrespectueux, qui s’était permis de faire des bruits (de bouche) suggestifs, à son passage. En réponse, elle a reçu une violente gifle (15 jours d’itt) de l’intéressé.

L’histoire m’avait frappé, c’est le cas de le dire, car moi-même quelques jours plus tôt en sortant de mon cours de reggaeton, alors que j’étais au téléphone avec une amie, un homme, attablé à la terrasse d’un café, m’avait dit que j’étais « bonne », en me regardant d’une manière à la fois provocatrice et perverse. En un dixième de seconde, je m’étais indignée et lui avait répondu « connard », avant de poursuivre mon chemin.

Caractère impétueux, inconscience vis à vis de la violence de représailles potentielles, saine colère, sentiment d’injustice… qu’est-ce qui fait que l’on dit non ? C’est la question que je me suis posée, suite à l’affaire Laguerre et en l’analysant au regard de ma propre petite histoire.                                                                                            

J’ai trouvé la réponse – non pas dans des comparaisons douteuses au droit d’importuner librement, ni par des références malvenues à la grivoiserie à la française, qui serait un usage (et un privilège ?) du mâle résidant en France – mais dans ce qui constitue notre socle en tant qu’individu.

En développement personnel on aborde souvent la notion d’alignement. Il ne s’agit pas de l’alignement des planètes, issues des visions de madame Irma. Il s’agit de l’alignement : coeur/âme, corps, esprit. C’est à dire le fait d’être en phase avec soi-même. De manière cartésienne et pragmatique, on pourrait définir cela comme le fait d’être en cohérence sur ces 3 plans : les aspirations profondes (les principes et les valeurs), les comportements-les attitudes-les actions, les pensées, doivent être en cohérence. A défaut, nous sommes des individus non stables. Ce manque de cohérence et d’équilibre personnel, s’exprime par un sentiment de frustration, un mal-être, une colère…qui proviennent du fait de notre désaccord / disharmonie intérieure.

Ainsi dans l’affaire Marie Laguerre, je vois une jeune femme qui aurait pu par peur, honte, manque d’audace, se taire… Mais est restée connectée à sa vérité et a osé dire non car ses sentiments de révolte, d’injustice et d’indignation méritaient d’être entendus. Elle a donc été à l’écoute d’elle-même, au risque de sa propre sécurité, plutôt que se taire au risque de ruminer de sombres pensées et un sentiment d’injustice. Dans la même journée elle avait déjà été victime de ce même type de comportement.

 L’enjeu n’est pas de s’interroger pour savoir si Marie Laguerre a bien fait de réagir. Peut-être que oui, ou peut-être que non. Ni de se dire que si elle n’avait pas réagi, elle n’aurait pas reçu de gifle… Ca me rappelle le titre d’un livre durant mes études : La victime est-elle coupable ? (Ezzat Abdel Fattah)

Qu’aurait entraîné son silence ou son absence de réaction ? Face à tant de docilité et d’acceptation, son agresseur aurait peut-être décidé de la suivre et aurait peut-être poussé plus loin ses avances, par des mains baladeuses par exemple. Bref, l’heure n’est pas aux suppositions. D’ailleurs, ce conseil « quoi qu’il arrive ne faites pas de suppositions », constitue l’un des quatre accords Toltèques (Don Miguel Ruiz) pour appréhender le monde plus sereinement et avec davantage de sagesse.              

Marie Laguerre a eu une réaction cohérente, consciente, conscientisée et responsable. Sa réaction est en cohérence avec ses valeurs et avec ses émotions. Elle a laissé son énergie et ses principes prévaloir sur sa peur.

Dans notre quotidien professionnel, familial, sentimental…nous avons trop souvent tendance à répondre : « j’aimerai bien mais… », « j’aurais bien aimé mais… », « je voulais mais…. ». La saine colère de Marie Laguerre nous pousse à nous interroger sur la question suivante : A force de se taire ou de faire taire sa « voix intérieure », par peur de surréagir, être jugé, se faire remarquer, sortir du lot, sortir du cadre…ne s’impose t’on pas plus de violence encore que celles que nous feraient subir des agresseurs, contradicteurs, opposants.

Se renier soi-même : accepter / tolérer / subir sans réagir les remarques et comportements sexistes et autres traitements spécifiques et particuliers qui sont « prodiguées » aux minorités ou aux personnes considérées comme vulnérables, fragiles, en difficulté…c’est ajouter une violence à la violence. Il est vrai que parfois pour se protéger pour ne pas aggraver les choses, on fait profil bas.

Le conditionnement social, l’éducation parentale, l’environnement relationnel peuvent pousser certains d’entre nous à suivre la voie du silence, de l’acceptation, de la frustration, de l’injustice, de l’oubli de soi… Tout cela conduit à la baisse / la perte de l’estime de soi et de la confiance en soi. Marie Laguerre a assuré, Marie Laguerre s’est affirmée et Marie Laguerre est « en place » (comme disent les plus jeunes) et en phase avec elle-même.

Essayons de l’être également dans nos vies.

 

Ce que nous appelons bonheur consiste dans l’harmonie et la sérénité, dans la conscience d’un but, dans une orientation positive, convaincue et décidée de l’esprit, bref dans la paix de l’âme.” Thomas Mann

 

Dorothée Dibaya – Do Coaching

 

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