L’empathie est la capacité à identifier et être à l’écoute des émotions d’autrui. Elle se distingue de la compassion qui est le fait de « souffrir avec » autrui, c’est à dire se placer (virtuellement) à sa place et ressentir sa peine, sa douleur, sa souffrance, son trouble, son tourment.
Qu’est-ce qui fait que certains semblent avoir plus de facilité à recevoir l’expérience, voire les émotions d’autrui ?
Je répète souvent la phrase « tout commence avec toi-même » car je considère que la relation à autrui passe par la relation à soi-même. Effectivement, pour mieux comprendre ses propres réactions, émotions, voire absence d’émotions face à autrui, il faut chercher en soi l’histoire, le parcours, le vécu, les évènements qui ont forgé une personnalité, un caractère, des habitudes, des schémas de pensées. Ce travail sur soi permet de vivre et accueillir ses émotions sereinement tout en conservant l’acuité, le recul, la clairvoyance et l’objectivité nécessaires pour que nos pensées et nos actions restent lucides, conscientes et éclairées.
Bien qu’il soit important de savoir prendre du recul et de la hauteur afin de ne pas systématiquement se laisser submerger par ses émotions au détriment de sa raison, il est également primordial que cette gestion émotionnelle ne s’apparente pas à une distanciation telle qu’elle mène à une dissociation de votre être et fasse de vous une personne « robotisée », c’est à dire performante sur des questions opérationnelles et pratiques, mais déconnectée de toute sensibilité. Lorsque votre indifférence, votre insensibilité ou votre refus de lâcher prise, font obstacle ou perturbent vos interactions relationnelles, interrogez-vous. Que fuyez-vous ? De quoi cherchez-vous à vous protéger ? Que craignez-vous ? / A l’inverse, lorsque votre sensibilité et votre émotivité sont trop prégnantes et envahissent ou parasitent vos pensées et actions, il peut être utile de vous interroger sur votre mode de fonctionnement afin d’être en mesure d’envisager d’évoluer différemment. Qu’est-ce qui fait que vous êtes incapable de prendre du recul ? Que gagnerez-vous en prenant davantage de recul face aux situations que vous vivez ? Comment vous sentirez-vous ?
Selon moi, l’une des principales causes du manque d’empathie et de compassion dans les relations interindividuelles, est le simple fait qu’il est difficile d’être à l’écoute d’autrui lorsque l’on ne s’écoute déjà pas soi-même. Ainsi, lorsque j’entends : « j’ai bien supporté ceci ou cela, il / elle peut en faire autant ». Je me questionne sur le déni ou l’intériorisation d’une souffrance ou frustration inavouée et projetée ensuite sur un interlocuteur auquel on refuse cette sensibilité que l’on ne s’accorde pas. Ou bien, je m’interroge sur ce sentiment de toute puissance qui autorise à s’appesantir sur ses propres préoccupations mais refuse ce droit à autrui, qu’on accuse alors de victimisation ou théâtralisation. Dans les deux cas, je vois (dans ce refus d’accueillir l’émotion d’autrui), l’expression d’une personne blessée dont l’enfant intérieur est encore recroquevillé sur une souffrance antérieure, un passé non dépassé, des obstacles et difficultés vécues mais non surmontées. Aucune réparation (au sens propre comme au figuré) n’a été octroyée, la blessure n’a pas été guérie, le pardon n’a pas été accordé… De fait et par conséquent, désormais ces oreilles écoutent mais n’entendent pas, cet esprit conçoit mais ne perçoit pas, ce cœur reste sec.
Face aux problèmes d’autrui, la tentation ou le réflexe, d’analyser-évaluer au travers de son propre système de référence, de ses propres valeurs, de son propre prisme, est grande. La critique non constructive, le jugement de valeur, la comparaison dévalorisante, le dénigrement peuvent alors faire leur œuvre et favoriser l’égocentrisme, l’égoïsme, l’insensibilité, la dureté et l’indifférence. En fait, il ne faut pas oublier que l’empathie et la compassion ne nécessitent pas d’être en accord intellectuel avec la personne concernée, ni de cautionner ses agissements. Il s’agit juste de manifestations concrètes de notre humanité.
Et si, chaque fois que les peines d’autrui nous agacent, nous énervent, nous mettent mal à l’aise, on s’interrogeait sur soi, plutôt que de remettre en question l’autre ? Qu’est-ce que ce refus d’avoir pitié ou d’accorder la moindre commisération révèle de moi ?
Mettez vous toujours à la place de l’autre. Renoncez un temps à vos opinions, à vos jugements, afin de le comprendre. Bien des conflits peuvent ainsi être évités. Dalai Lama
Dorothée DIBAYA – Do Coaching